HISTOIRE
LE NOM
Le nom de la villa Santo Sospir vient de l'ancien nom du Cap Ferrat qui s'appelait autrefois Cap Santo Sospiro. Il a était découvert par hasard grâce à Francine Weisweiller, la propriétaire de la villa, et son ami Jean Cocteau. Francine Weisweiller aimant les objets rappelant la mer, les bateaux et les croisières, achète un jour une carte maritime datant du 12 siècle. Examinant cette carte avec Jean Cocteau ils vont s'apercevoir que le cap où se situe la villa s'appelait Cap Santo Sospiro. Cocteau a alors proposé de donner ce nom à la maison, la Villa Santo Sospir.

Santo Sospiro, en niçois, peut se traduire comme «un saint soupir». On raconte que par mauvais temps les pêcheurs du village de Saint-Jean venaient se réfugier dans la rade de Villefranche, en passant le phare à la pointe du Cap Ferrat ils poussaient un soupir de soulagement car ils étaient sauvés. Le Phare se trouve juste à quelques pas de la Villa.
LE DÉBUT ROMANTIQUE
L'histoire de la villa est fortement liée aux Weisweiller, une famille riche d'origine juive. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Francine et Alec Weisweiller, mariés en 1939, trouvent refuge chez la mère d'Alec, Betty Weisweiller, dans sa villa d'Antibes, l'Altana. Cependant, en septembre 1943, le Sud de la France a été occupé par l'Allemagne nazie. Francine et Alec décident de fuir. Ils essaieront de traverser les Pyrénées pour trouver un bateau en Espagne qui les emmènerait aux Etats-Unis. Quant à Betty Weisweiller, elle décida de rester à Antibes où elle sera arrêtée à l'Altana par la gestapo et mourra dans le train l'amenant à Auschwitz. Francine et sa famille s'arrêteront à Pau où ils passeront le reste de la guerre sous le nom de Lelestrier. Un jour Francine et Alec ont faillit être arrêtés par la gestapo. Le couple laisse leur fille Carole, née en 1942, chez des voisins et essaye de s'échapper dans la forêt, où Alec a pu cacher sa femme dans les feuilles mortes. À ce moment précis, il chuchotait que s'ils survivaient, il lui achèterait une maison de rêve. Ils ont survecu !

En 1948 Francine et Alec naviguaient autour de la péninsule de Cap-Ferrat quand Francine remarqua une belle villa. A ce moment-là, elle a compris qu'elle avait trouvé la maison de ses rêves. Peu après, le couple devint propriétaire de ce domaine construit en 1930. Alec tint parole et acheta la maison idéale pour sa femme. Il était millionnaire, banquier, héritier de la famille Deutsch de la Meurthe, famille qui avait investi dans le pétrole et la SHELL, apparentée aux Rothschild.Désert jusqu'au 20 siècle, ce coin de la Côte d'Azur s'est rapidement transformé en lieu de villégiature luxueux parsemé de villas appartenant à des personnes riches et puissantes, comme le roi Léopold II de Belgique. Le Cap Ferrat attire les millionnaires, les aristocrates et les esprits créatifs, comme Rainier III, Somerset Maugham, Winston Churchill, Hubert de Givenchy, Charlie Chaplin, Isadora Duncan, Elizabeth Taylor et Richard Burton. Grâce aux Weisweiller, le nombre de clients célèbres a encore augmenté.


LA RENAISSANCE
Avec l'emménagement à la Villa les Weisweiller ont commencé un nouveau chapitre dans leur vie. Francine y a invité sa bonne amie et créatrice légendaire Madeleine Castaing à travailler sur les intérieurs de la villa. Personnalité originale, voire fantasque, elle a révolutionné le monde de la décoration et a transformé la maison en une œuvre d'art.

Entre-temps Francine fait partie des milieux mondains. Cliente et amie de Christian Dior, Balenciaga, Coco Chanel et d'Yves Saint Laurent, en 1949, Mme Weisweiller fait la connaissance de Jean Cocteau. Ils furent présentés par l'intermédiaire de Nicole de Rothschild, l'une de cousines d'Alec Weisweiller, actrice française connue au cinéma sous le nom de Nicole Stephane. Elle tenait le rôle principale dans « Les Enfants Terribles», le film adapté par Jean Cocteau d'après son célèbre roman.

Peu après cette rencontre, Mme Weisweiller a invité l'écrivain à passer les vacances à la Villa. Jean Cocteau accepte et en mai 1950 arrive avec son fils adoptif Edouard Dermit, qui interprète le rôle de Paul dans « Les Enfants Terribles ». Cependant, très vite, l'artiste se sent fatigué de l'oisiveté. « Je dépéris ici », dit-il à Francine et lui propose de dessiner quelque chose au-dessus de la cheminée du salon. La première image se transforma en tête de Dieu Soleil ou Apollon, le dieu grec de la Musique, de la Poésie et des Arts. C'est ainsi que Cocteau commença à peindre les murs de la villa.
LA VILLA COMME UN OBJET D'ART
En quelques mois toute la maison devint couverte de dessins que Cocteau appelait des « tatouages ». Il disait : "Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau, c'est pourquoi j'ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages. Santo Sospir est une villa tatouée».Lorsque Cocteau réalisa le premier tatouage, il se rendit chez son ami Henri Matisse avec des photos de la cheminée et du Dieu Soleil. Matisse trouva le dessin pas mal et dit à Jean Cocteau: «Quand on décore un mur, on décore les autres». Au même moment Pablo Picasso vient à Santo Sospir et conseille aussi à Jean Cocteau de continuer à peindre. Selon les mémoires de Cocteau: « Picasso a ouvert et fermé toutes les portes, il restait de peindre sur les portes, c'est ce que j'ai essayé de faire. Mais les portes donnent dans les chambres, les chambres ont des murs et si les portes sont peintes les murs ont l'air vides… »

Cocteau a décoré tous les murs de la maison à main levée! Il a tatoué les murs au fusain et ensuite il a rehaussé ses dessins de couleurs, utilisant les pigments préparés spécialement pour lui par un ouvrier italien. Lesquels ont été mélangés avec du lait cru, technique appelée frescoes à tempera. Au total, Cocteau a créé 200 tatouages environ. Parfois, il ne bougeait même pas les meubles et dessinait directement sur les objets.

En 1951 l'artiste a décoré les plafonds et créé deux mosaïques pour le patio. La tapisserie Judith et Holopherne, dont Cocteau avait réalisé et peint le carton en 1948, prend sa place à Santo Sospir en 1953. La tapisserie a été réalisée par les ateliers d'Aubusson connus depuis le XVIe siècle, puis Manufacture Royale de 1665. En 1952 Cocteau tourne le court métrage «La Villa Santo Sospir».


LE DÉCLIN


Pas étonnant que la villa Santo Sospir soit appelée l'une des plus belles villas sur le Cap Ferrat. Elle a accueilli de nombreuses célébrités, dont Pablo Picasso, Pierre Carden, Alexander Calder, Charles Aznavour et Marlene Dietrich. Romy Schneider et Alain Delon y ont passé leur premier week-end romantique.

Mais la période idyllique prend sa fin en 1961, lorsque les relations entre Francine Weisweiller et Jean Cocteau se refroidissent. Francine se détache de Cocteau car elle tombe amoureuse de l'écrivain et scénariste Henri Viard. Cocteau l'a pris comme une trahison et quitté la villa pour toujours.

Francine a vécu dans la villa jusqu'à son décès à l'âge de 87 ans en 2003. Elle est morte dans les bras d'Éric Marteau qui gardait la villa depuis 3 décennies. Il était arrivé il y a 30 ans à Santo Sospir pour être infirmier privé de Mme Weisweiller. Plus tard, sa fille Carole a proposé à Eric de rester dans la villa et d'en être le gardien. Il surveille le domaine et son patrimoine encore aujourd'hui.

Après la mort de Francine, Carole Weisweiller devint l'héritière et nouvelle propriétaire de la villa. Elle organisa des visites privées sur demande. Mais avec le temps Santo Sospir perdit de sa splendeur. Les fragiles fresques tombent peu à peu en lambeaux. Carole ne pouvait plus ni garder la maison en bon état, ni payer les impôts. Elle a décidé de vendre la villa à ceux qui pourraient y insuffler une nouvelle vie.


LA NOUVELLE RENAISSANCE DE LA VILLA
Il y a plusieurs années, au cours d'une des visites privées, la villa a accueilli Marina Melia, la professeure de psychologie et conseillère de haut rang pour les hommes d'affaires les plus riches de Russie. Il est intéressant qu'elle soit née justement à l'époque où les Weisweiller ont acheté Santo Sospir et Cocteau l'a immortalisé avec ses oeuvres. Mme Melia a été profondément impressionnée par la villa et son patrimoine. Elle a même dit à son fils Ilia que c'était la seule maison avec laquelle elle aimerait lier sa vie. Elle ne pouvait pas alors imaginer qu'un jour son rêve se réalise.

Cependant, il n'est pas surprenant que Mme Melia ait immédiatement ressenti un lien spirituel avec cette maison. Depuis l'époque de l'Empire russe, l'histoire de sa famille russo-géorgienne est étroitement liée à l'histoire de la France. Marina Melia elle-même est baignée par la culture française et les livres de Jean Cocteau en particulier. Son fils Ilia est allé à l'école française et a toujours été intéressé par la France. Sa fille, Marina Melia Jr., admiratrice de longue date de danse, a découvert le talent de Cocteau grâce à sa collaboration avec le «ballet Russe» de Sergei Diaghilev. Et elle a beaucoup entendu parler de la Côte d'Azur et de la Belle Époque de son grand-père, Solomon Melia. Adolescent, il a visité la Côte d'Azur, alors que la Russie et son pays natal la Géorgie faisaient encore partie de l'Empire.

C'est tout à fait par hasard, dans une conversation avec un ami, que Ilia Melia a découvert que la villa était à vendre. La famille Melia a compris que c'était leur destin. En 2016, lorsque Carole Weisweiller a vendu Santo Sospir, elle a dit que c'était un marché conclu au paradis et que Jean Cocteau lui-même l'aurait approuvé.

Pour les propriétaires de Santo Sospir, ce nouveau tournant dans l'histoire du domaine s'accompagne d'une grande responsabilité. Ils ont acheté la villa inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. La famille Melia fait de son mieux pour préserver le patrimoine de la villa avec les œuvres uniques de Jean Cocteau et le design original de Madeleine Castaing.

Étant un promoteur immobilier international à succès, Ilia Melia est en charge de tout ce qui est lié à la reconstruction. Ayant une grande expérience dans le domain de l'immobilier de luxe, Mr. Melia a décidé de prendre la responsabilité personnelle de préserver la villa et la mémoire de ses invités légendaires. Pour résoudre cette tâche colossale, il a invité les meilleurs professionnels, parmi lesquels Antoine Bruguerolle, l'un des rares spécialistes de la restauration du patrimoine culturel de ce niveau en France. L'équipe comprend ainsi Florence Cremer, experte reconnue dans la restauration de fresques historiques ; Madison Cox, le célèbre jardinier et «roi des paysagistes» de renommée mondiale ; et Jacques Grange, le décorateur français et l'architecte d'intérieur très connu dans le monde entier.

"Santo Sospir est un patrimoine non seulement français, mais aussi du monde entier. En outre, c'est aussi une chance unique pour notre famille de reconstruire le pont entre nos pays et de raviver l'héritage de la Belle Epoque", concluent les Melia.
© 2017-2020 Villa Santo Sospir
Saint-Jean-Cap-Ferrat, France
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